(2002)
Pour orchestre
Commande de l’Etat pour l’orchestre National d’Ile de France
Dédié à Corina et Rafaël Matalon

Note

Torito Catalan est la version orchestrée de Las Siete vidas de un gato, contrepoint musical à Un Chien andalou et second « commentaire cinématographique » de Martin Matalon. L’œuvre est conçue pour être jouée sans le film.

L’absence de tout élément narratif dans le film de Buñuel a permis au compositeur une relation d’une grande liberté avec l’image. La partition suit sa logique propre.

L’œuvre débute par une sorte de cortège qui défile dans le grouillement des percussions, en cahotant sur des polyrythmes. Ponctué par une caisse claire, il est mené par des violons scandant la marche de glissandi, par des trompettes coassantes et des contrebasses qui répètent une quinte diminuée avec l’obstination d’un disque rayé. Isolés dans la trame polyrythmique, aucun des pupitres ne paraît écouter l’autre, et tous semblent fixés dans quelque geste élémentaire et obsessionnel. Les cuivres, qui traversent le cortège en diagonale, sont quant à eux libres de toute contrainte rythmique, ce qui leur confère un caractère sauvage et irrationnel.

Cette surdité mutuelle se résoud bien vite dans son contraire. L’espace acoustique s’ouvre soudainement et, en en révèlant toute sa mesure, les instruments se livrent jusqu’à la confusion et l’éblouissement à des imitations, à des jeux d’échos circulaires, reflets innombrables d’un même objet, .

La marche en avant de l’œuvre ne connaît pas de répit. Le flux rythmique est maintenant capté par une « suite de danses » et par des solos instrumentaux. Un tango caustique et une valse acide donnent lieu à une surenchère, tant dans les formes, soumises à une activité collective considérable, que dans l’expression qui atteint la saturation. Les « personnages » de Bunuel sont hors narration, hors temps, hors psychologie. Par contraste, ceux de Martin Matalon sont comme des « précipités » : violons chavirés, trompettes histrioniques, bois prolixes… La scansion et la trépidation rythmiques vont jusqu’à la surchauffe.

Pascal Ianco

Contact

Martin Matalon  martin.matalon@free.fr

Historique

25 Mai 2002 (création mondiale)
Orchestre National d’Ile de France
Jacques Mercier, direction
Salle Pleyel, Paris / France

14 Février 2003
Orchestre National de Lorraine
Jacques Mercier, direction
Arsenal de Metz / France