(2004)
Pour alto et orchestre de chambre. 2 fl., 2 cl., 2 htb., 1 bn, 2 cors, 2 trp., 3 perc., hpe,
2 vln, 1 alto, 2 vlc., 1 cb.
Commande de l’Ensemble Intercontemporain.

Note

Entretien avec Martin Matalon

– Plusieurs de vos œuvres portent le nom de « Trame » : à quoi correspond ce titre ?

– Je voulais composer une série de formes concertantes, chacune consacrée à un instrument différent. Il fallait un terme simple, assez neutre, qui puisse convenir à plusieurs œuvres de caractère différent. Le nom générique de trame est inspiré du poème homonyme de J. L. Borges, qui nous dévoile la synchronie existant entre tous les éléments qui constituent « l’histoire universelle ». Moins ambitieuses et plus circonscrites, mes Trames évoquent tout simplement le tissage propre à chaque composition, son fil d’Ariane caché ou évident. Elles sont comme une espèce de journal intime. J’ai commencé en 1997, et je pense que je continuerai à les écrire tout au long de ma vie de compositeur, chaque Trame sera le reflet de l’état mes préoccupations du moment. La forme concertante m’intéresse, entre autres, parce qu’elle permet de se confronter à la problématique de la narration. Le soliste possède par lui-même une dimension narrative. Sa présence suscite une focalisation de l’écoute. La narration ne m’intéresse pas en tant que continuité ou linéarité, mais plutôt par tous les entrelacs qu’on peut construire entre la narration et ses digressions voire son abolition.

– A quelle problématique particulière avez-vous été confronté dans Trame VI ?

– L’alto est un instrument que j’affectionne particulièrement et que j’utilise souvent dans un contexte de musique de chambre, comme dans Formas de Arena pour flûte, alto et harpe. En revanche, dans un rôle concertant, l’alto pose un problème d’ordre essentiellement sonore : son registre se situe en grande partie dans le médium, et c’est de loin le registre qui prédomine dans un orchestre et par conséquent il est facilement « couvert » par l’ensemble. Or, à l’inverse, j’aime les sonorités exubérantes, riches… Le son est peut-être l’un des éléments les plus importants que je traite dans mes œuvres. Dans Trame VI, la question était de faire vivre une œuvre d’une vingtaine de minutes avec cette contrainte forte sur la sonorité. Une des solutions que j’ai adoptée, a été de spatialiser l’orchestre, non pas dans la salle mais sur la scène, de façon à constituer trois groupes assez éloignés les uns des autres afin d’isoler l’altiste, qui elle, en revanche est entourée par les cordes de l’ensemble qui à leur tour la renforcent, constituent une « extension », sa « caisse de résonance ». Une autre façon de répondre à cette problématique, c’était de construire des sections, des « formes » qui, sans rien perdre de leur richesse sonore propre, allaient évoluer dans des dynamiques très douces proches du silence.

Trame VI est formée de quatre mouvements enchaînés.

Historique

28 février 2004 (création mondiale)
Ensemble Intercontemporain
Alto : Odile Auboin
Arsenal de Metz / France

6 Avril 2004
Ensemble Intercontemporain
Alto : Odile Auboin
Centre Georges Pompidou, Paris / France

23 Mai 2004
France Musiques